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Moins spectaculaire que la migration des gnous qui traversent le Serengeti, la migration des batraciens, et en particulier des crapauds communs, n’en reste pas moins un spectacle tout à fait étonnant. Amis photographes, sortez de chez vous et rejoignez les abords des mares.
Dès le début du mois de février si les conditions climatiques sont réunies (humidité et températures pas trop froides), les crapauds communs (Bufo bufo) et les autres batraciens quittent leurs abris forestiers pour entamer une longue migration vers leurs zones de reproduction. Mus par un instinct ancestral, ils se dirigent d’un seul mouvement vers les fossés, les mares ou les étangs forestiers pour s’accoupler et y déposer leurs œufs. Ce phénomène ne durera que quelques jours, quelques semaines tout au plus entre la « descente » et la « remontée » et le périple sera périlleux et souvent fatal. Le point d’orgue de cette migration fera vibrer la surface des eaux d’un bouillonnement de vie plein d’optimisme pour la génération à venir.
Pour les crapauds, ce sera le seul moment de l’année qu’ils passeront dans l’eau et ils regagneront rapidement la terre ferme et le couvert de la forêt (du moins pour ceux qui ont survécu).
Lors de l’accouplement, le mâle, généralement plus petit que la femelle, se hisse sur le dos de cette dernière et la maintient fermement entre ses pattes antérieures grâce aux petits coussinets qu’il a sur les mains ; on parle d’amplexus axillaire (les pattes du mâles agrippent la femelle sous les aisselles). Gavés d’hormones, les mâles agrippent tout ce qui passe à leur portée, ainsi il n’est pas rare de les voir tenter de s’accoupler entre eux ou bien encore de se mettre à 5 ou 6 sur une pauvre femelle qui, la plupart du temps, finira noyée sous le poids de ses prétendants.
Au moment de la ponte, le mâle émet du sperme qui coule sur les œufs, ce qui les féconde. L’action mécanique des pattes du mâle sur la femelle participe aussi à l’expulsion des œufs.
La femelle pond 2 longs cordons contenant 3 ou 4 rangées d’œufs souvent enroulés autour de plantes aquatiques.
Une ponte peut contenir jusqu’à 7000 œufs.
UNE MESURE DE PROTECTION EFFICACE : LE CRAPAUDUC
Les crapauds, et plus généralement l’ensemble des batraciens, sont gravement menacés du fait de la destruction et de la disparition de leurs habitats et de l’utilisation de nombreux pesticides.
Beaucoup périssent également écrasés sur les routes en voulant rejoindre leur zone de reproduction ; d’où la mise en place, sur certaines portions de forêts très fréquentées par les batraciens, de crapauducs.
Qu’est ce qu’un crapauduc ? Il s’agit d’installer de part et d’autre de la route une bâche verticale d’une trentaine de centimètres de haut pour empêcher les crapauds de traverser. A intervalles réguliers, des sceaux sont enterrés au ras du sol pour que les batraciens qui longent la bâche pour essayer de traverser tombent dedans. Chaque matin, les sceaux sont relevés par des volontaires, les batraciens comptés et transportés en toute sécurité de l’autre côté de la route d’où ils pourront reprendre leur migration. Cette opération s’effectue à la descente vers les points d’eau mais également à la remontée, lorsque les crapauds et autres grenouilles et tritons regagnent les sous-bois après la reproduction.
Outre le crapaud commun, vous rencontrerez durant cette même période de nombreux autres batraciens, parmi lesquelles grenouilles rousses ou agiles, tritons palmés ou alpestres, salamandres …
Il est important de noter que TOUTES les espèces de batraciens présentes sur le territoire métropolitain, sont intégralement protégés.
QUELQUES CONSEILS PHOTOGRAPHIQUES :
– Il a plu la nuit précédente, la forêt est humide, la température est idéale (ni trop chaude ni trop froide), tentez votre chance car c’est à ce moment là que les probabilités de rencontre sont les plus fortes pour découvrir les batraciens,
– en forêt, regardez sous les vieilles souches et dans les creux au pieds des arbres, c’est là que vous dénicherez vos sujets de photo,
– au bord de la mare, faites attention où vous posez vos pieds et fouillez les touffes d’herbe et les tas de feuilles morte pour découvrir les crapauds qui s’y sont réfugiés,
– si vous devez absolument manipuler les sujets, faites le de manière douce et posée ; évitez de les manipuler à mains nues (préférez les gants ou ayez au moins les mains humides) ; relâchez les là où vous les avez trouvés,
– c’est une règle immuable en photographie animalière mais elle mérite d’être rappelée en toute circonstance : N’hésitez pas à vous mettre au raz du sol pour être au même niveau que le sujet et éviter les photos en plongée souvent inesthétiques,
– osez les cadrages dynamiques qui offrent des prises de vue originales du sujet (contre-plongée, mise en avant d’un détail, cadrage large, cadrage vertical, cadrage en diagonale, dé-centrage du sujet dans un coin de la photo …), bref, sortez des sentiers battus et expérimentez,
– vous pouvez utiliser des vitesses d’obturation lentes du fait de la « relative » placidité de la bête. Dans ce cas là, pensez à utiliser un trépied pour plus de stabilité (un trépied sans colonne centrale ou à colonne déportable vous permettra de descendre au ras du sol),
– évitez les prises de vues sous une lumière trop forte, cela donne de vilains reflets sur la peau luisante des crapauds et autres batraciens et certaines zones en ressortent souvent « cramées »,
– de même, si vous utilisez un flash, dosez-le de manière très pointue pour ne pas rencontrer le problème évoqué ci-dessus, ou mieux encore, munissez vous de diffuseur et/ou de réflecteurs,
– utilisez de longues focales (avec bagues allonges si besoin pour réduire la zone limite de mise au point) et placez-vous au ras de l’eau, au bord de l’étang ou de la mare : Vous aurez alors la possibilité de photographier les batraciens dans leur élément avec la tête hors de l’eau,
– si vous avez la chance de posséder un petit compact étanche comme il en existe maintenant de nombreux modèles, essayer les prises de vue subaquatiques : c’est difficile, souvent raté mais cela réserve quelques bonnes surprises,
– encore mieux, si vous avez l’âme aventureuse d’un plongeur sous-marin, et le matériel qui va avec (combinaison de plongée, masque et tuba, caisson étanche pour votre reflex), vous êtes le roi du monde 😉 et vous ferez sans aucun doute des photos uniques,
– tous les objectifs peuvent être utilisés pour photographier les batraciens, objectif macro, grand-angle, téléobjectif, trans-standart, focale fixe ou zoom … Alors faites preuve d’imagination et de créativité !!
Bravo Arnaud pour ce bel article et ces photos bien sympathiques! J’aime.
Bravo également pour votre éthique en général. J’aime aussi, ainsi que votre site.
Salutations naturelles
Monique
Merci pour votre petit mot Monique.
Salutations photographiques.
Excellent article, bien documenté et très intéressant avec de judicieux conseils , merci Arnaud
Merci pour ce petit mot sympa 😉